Violences intrafamiliales : une victime témoigne pour aider les autres à s’en sortir

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La maréchale des logis-cheffe Laurence Schiroli et la lieutenante Séverine Mahé à l'écoute de la victime de violences psychologiques.
  • Publication publiée :11 mars 2024
  • Post category:Actus

Un témoignage aujourd’hui, celui d’une jeune mère de famille, habitante du Bergeracois, qui a subi des violences psychologiques de la part de son compagnon et qui, dans le cadre de la journée pour la lutte des droits des femmes, vendredi dernier, a tenu à partager son expérience, ses difficultés, mais aussi l’accompagnement qu’elle a pu trouver auprès de la gendarmerie. Celle que nous appellerons Marianne* qui entendait ainsi dire aux autres femmes, victimes de violences, qu’il est possible de s’en sortir.

L’histoire de cette femme de 28 ans bascule le 3 février dernier quand, après avoir subi de nouvelles insultes, elle annonce au père de sa fille que tout est terminé entre eux. Pris d’une colère extrême, l’homme casse tout dans la maison commune. Marianne parvient à se réfugier chez sa sœur, avec sa fille de 4 ans. L’homme, lui, est pris en charge par les gendarmes, emmené à l’hôpital, dont il s’enfuira, pour aller causer de nouveaux dégâts.

Le lendemain des faits, Marianne est auditionnée par une gendarme experte en violences intra-familiales. C’est la maréchale des logis-cheffe Laurence Schiroli.

« À l’instant T, il n’y avait pas forcément de violences, donc si je ne la convoquais pas le lendemain pour qu’elle m’en parle pendant de longues heures, peut-être que les choses en seraient restées là. Mais moi, je sentais que derrière, il y avait peut-être quelque chose à creuser. » Maréchale des logis-cheffe Laurence Schiroli

Et en parvenant à instaurer un climat de confiance, la gendarme met au jour la situation d’emprise vécue par Marianne. La jeune travailleuse médico-sociale qui avoue qu’elle n’aurait peut-être pas porté plainte si elle n’avait pas été reçue ainsi et surtout par une femme.

« On est face à quelqu’un qui sait ce que c’est que d’avoir un homme devant nous. Parce que c’est quand même une oppression. Nous sommes au 21ᵉ siècle, mais la puissance patriarcale est toujours là. Et d’avoir une femme qui nous regarde, qui nous soutient, qui nous comprend, c’est primordial. » Marianne, victime de violences intrafamiliale.

C’est donc une véritable relation de confiance qui se construit avec la gendarme. Au point qu’une semaine plus tard, quand les violences psychologiques recommencent, c’est uniquement vers elle que Marianne veut se tourner.

« Je n’ai pas appelé le 17 parce que je ne savais pas à qui j’allais avoir affaire. J’avais aussi beaucoup de réticences par rapport à cette situation où je me disais « est-ce que c’est dans ma tête ? Est-ce que c’est réellement de la violence ? « . Je me suis dit que j’avais peut-être ma part de responsabilité. Et je n’avais pas envie, au vu de la difficulté de m’exprimer, de devoir réexpliquer ce qui s’était passé. » Marianne

Après cet épisode, le compagnon de la victime fait finalement l’objet de mesures judiciaires. Il doit soigner ses addictions et n’a plus le droit de venir au domicile. Pour autant, pour Marianne, le calvaire n’est pas terminé. Elle doit maintenant batailler pour préserver sa fille. Jongler entre son travail, sa formation et son rôle de maman solo. À cela s’ajoutent les problèmes matériels et financiers causés par les destructions de son compagnon. Elle sait que des associations peuvent l’accompagner, l’orienter, mais elle refuse de s’enfermer dans un statut de victime.

Des victimes de plus en nombreuses d’après les derniers chiffres communiqués par la gendarmerie. Sur la communauté de brigades de Bergerac, les violences intra-familiales ont augmenté de 43 % l’an dernier. Une augmentation que les gendarmes expliquent à la fois par une hausse des faits, mais aussi par une libéralisation de la parole. La gendarmerie qui tente d’ailleurs, en ce sens, de mettre en place des dispositifs particuliers comme ces ordinateurs portables pour les auditions.

« Maintenant, une victime peut être entendue dans un local qu’elle choisit, ça peut également être à l’hôpital si elle est hospitalisée, pour justement qu’elle ne subisse pas la pression du conjoint qui peut revenir. » Lieutenante Séverine Mahé en charge de la COB de Bergerac.

Ou qu’elle ne soit pas intimidée par le décorum d’une gendarmerie. On rappelle par ailleurs le numéro national de référence pour l’écoute et l’orientation des femmes victimes de violences, c’est le 3919.

*Le prénom a été changé