Collages féministes en Bergeracois : « Ce devoir de réagir »

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DR Collages féministes Bergerac
  • Publication publiée :7 mars 2024
  • Post category:Actus

Suite de notre semaine dédiée aux femmes, leurs initiatives, leurs combats. Aujourd’hui rencontre avec Anita, Camille et Hélèna. Elles ont une trentaine d’années, travaillent dans les milieux médico-sociaux, culturels, artistiques. Elles sont militantes dans des assos, des syndicats mais surtout toutes font partie du collectif bergeracois Collages féministes. Ces femmes qui, souvent à la tombée de la nuit, vont afficher aux yeux de tous leur indignation, leur colère, leurs revendications à travers ces collages « On te croit », « Prenez nos plaintes » ou encore « Rage against the machism ». Dernier épisode médiatique en date, le collage sur la permanence du député RN Serge Muller qui avait comparé les violences conjugales à des conflits de voisinages. Des mots insupportables pour ces militantes qui, souvent, ont elles-mêmes vécu des agressions, des violences, des viols.

À Bergerac, le collectif s’est constitué il y a environ deux ans, de manière informelle, via les réseaux sociaux. Un groupe qui a choisi de se concentrer sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et qui a décidé d’être exclusivement féminin.

« Quand on prépare des collages, ça peut être aussi des moments de discussion où on peut justement se libérer, parler d’expériences qu’on a eues. Et ça, je pense qu’effectivement, s’il y avait des hommes, ça pourrait freiner. Et puis parfois, on n’a pas envie d’avoir à expliquer. Si les hommes veulent s’éduquer, ils s’éduquent tout seuls. On n’est pas là pour ça. On n’a pas le temps. » Camille.

« Et puis il y a des choses qu’intrinsèquement, on vit et qu’ils ne vivront jamais. » Hélèna

Une sororité qui permet à certaines des colleuses d’avancer dans leur parcours personnel, à l’instar d’Hélèna, qui a vécu des violences intrafamiliales.

« C’est vrai que c’est grâce à des collectifs féministes, des militantes, que j’ai pu petit à petit me rendre compte que, non seulement ce n’est pas normal ce que j’ai vécu et qu’en plus, je peux en parler. C’est thérapeutique aussi parce que ça me permet de me reconstruire, de réparer certaines blessures qui sont là depuis toujours. » Hélèna

Pour d’autres, coller est aussi une manière de faire sortir cette colère qui les hante. Mais pour toutes, il s’agit surtout de continuer à sensibiliser, interpeller, questionner pour faire avancer les choses.

« Que ce soit harcèlement de rue, harcèlement sexuel ou toutes les violences qui existent, on ne connaît personne à qui ce n’est pas arrivé et on n’a tellement pas envie que ça continue de se reproduire sur les générations qui arrivent. En tout cas, moi, je me sens ce devoir de réagir parce qu’on ne veut pas que les autres, les jeunes filles vivent la même chose que nous. Nous, on aimerait bien ne plus avoir besoin d’exister. Notre objectif, il est que l’on ait plus besoin de lutter en fait. » Anita

Mais si les choses semblent bouger dans certains milieux, comme dans le cinéma, le travail à accomplir reste immense, déplore Camille.

« Il y a des choses qui sortent, il y a des choses qui explosent grâce notamment aux réseaux sociaux et heureusement. Mais honnêtement, ce n’est toujours pas assez. Il n’y a pas assez de formations dans la police, la gendarmerie. Il n’y a pas assez d’argent dans la justice. Il n’y a pas assez d’argent dans le social, dans le médical. Tout ça, c’est lié. Dans l’éducation aussi. » Camille

Alors pour le moment, les membres du collectif ne peuvent que regretter de recevoir des témoignages et même des appels à l’aide de jeunes filles ou de femmes victimes de violences sexistes ou sexuelles. Elles risquent donc de continuer, pour longtemps encore, à se réapproprier l’espace public, parfois de manière illégale, mais sans jamais dégrader, pour porter la voix des femmes victimes de violences en France et dans le monde.