Soupçon de féminicide à St Pierre d’Eyraud : un rassemblement entre hommage et colère

En 2022, les violences intrafamiliales ont augmenté de 17% en Dordogne. C’est dans ce contexte, qu’un rassemblement a eu lieu hier midi, à Bergerac, en mémoire de Dominique Carlier, la sexagénaire retrouvée morte le 25 décembre dernier à Saint Pierre d’Eyraud. Pour rappel, l’autopsie a révélé qu’elle était battue régulièrement depuis un certain temps. Son mari a été mis en examen, mais il bénéficie toujours à ce stade de la présomption d’innocence.

En tout cas, c’est pour dénoncer ce drame et bien d’autres que le collectif Nous Toutes 24 avait appelé à se retrouver devant le banc rouge, installé en novembre dernier place De Lattre de Tassigny pour symboliser la lutte contre les violences faites aux femmes. Une cérémonie hommage qui n’a rassemblé qu’une trentaine de personnes au grand désarroi d’Amélie Moulinet, la référente de Nous Toutes 24 qui estime que c’est au Gouvernement de se saisir de la question pour sensibiliser les populations. La référente qui, dans son discours, n’a pas été tendre avec l’autorité judiciaire, dénonçant une justice au rabais, qui fait preuve de clémence, a-t-elle dit. Amélie Moulinet qui a aussi fait part de son exaspération face au manque de moyen des forces de l’ordre. Des propos durs, mais qu’elle assume pleinement.

“Je pense rester factuelle. La réalité est telle qu’on a vraiment un chemin considérable à effectuer, mais on sait aussi que c’est possible puisque nos pays voisins comme l’Espagne notamment ont réussi à baisser leur taux de féminicides annuel grâce à une politique d’ampleur et l’aménagement du corps magistral pour pénaliser correctement et encadrer la gestion de ce genre de procès.” Amélie Moulinet, référente Nous Toutes 24

Un exemple à prendre avec des pincettes toutefois, puisque l’Espagne connaît un regain de féminicides depuis quelques mois. Mais on l’aura compris, le collectif Nous Toutes 24 attend plus des pouvoirs publics et de la justice. Un discours que Joaquina Weinberg partage, si ce n’est en ces termes, sur le fond en tout cas. L’adjointe au maire de Bergerac en charge du droit des femmes qui tenait surtout à être présente pour rendre hommage à Dominique Carlier et à toutes les autres victimes.

“Ça faisait sens aussi, avec le travail qui a été fait avec le banc rouge, de poursuivre ce travail de visibiliser un maximum tout ce qui est violences conjugales, violences sexistes et sexuelles. C’est une continuité de ce qui est déjà engagé au niveau de la ville.” Joaquina Weinberg, adjointe au maire de Bergerac

À noter également la présence hier de membres du CIDFF et de l’asso Enjeu Femmes.

Danièle, elle, ne fait partie d’aucune association, n’a jamais véritablement milité, mais elle tenait à venir à se recueillir.

“Moi, je viens pour toutes les femmes. Et puis essayer que cela ne se reproduise plus. Je suis étonnée parce que je trouve qu’à la télévision, on voit ça en petit ruban, là qui passe. J’ai l’impression qu’on n’est plus concerné. Je trouve ça horrible.”

Danièle qui souligne que l’on peut tous être concernés de près ou de loin. L’occasion pour nous de rappeler le numéro à destination des femmes victimes de violences, c’est le 3919.

À noter qu’on retrouvera le collectif Nous Toutes 24, le CIDFF ou encore Enjeu Femmes aux alentours du 8 mars pour des actions en lien avec la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. On sait déjà que la ville compte mettre l’accent sur l’égalité fille garçon avec une expo qui sera proposée aux scolaires et au grand public. On aura bien entendu l’occasion d’y revenir.

Noter aussi que le collectif Nous Toutes 24 est toujours à la recherche de volontaires et notamment pour créer des antennes sur Périgueux ou encore Sarlat. On peut retrouver ses coordonnées sur les réseaux sociaux.

Rencontre à la librairie La Colline aux livres Une rencontre avec Christelle Taraud est prévue le 24 février à la librairie La Colline aux livres. L’historienne qui a réuni, à travers l’ouvrage Féminicides, les spécialistes mondiales de la question, des œuvres d’artistes et d’écrivaines, des témoignages et des archives. Christelle Taraud qui invite en fait à la compréhension des violences qui s’exercent contre les femmes depuis la préhistoire. Rendez-vous est donné à 19h le 24 pour une conférence et un temps d’échange.

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