Avec « Martine en patriarcat », Marianne Rimbaud défend la place des femmes dans la société et dans le monde du théâtre

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Marianne Rimbaud lors des répétitions de son spectacle. DR Elles Disent.
  • Publication publiée :8 mars 2024
  • Post category:Actus

C’est aujourd’hui la journée internationale pour les droits des femmes. Et l’on clôture cette semaine un peu spéciale sur Happy Radio, avec la comédienne Marianne Rimbaud, membre du théâtre du Roi de Coeur et fondatrice du collectif Elles Disent. Elle proposera, ce soir à Nontron et la semaine prochaine à Bergerac, son nouveau spectacle « Martine en patriarcat ». Nouvelle version en fait du seul en scène qui a donné son nom au collectif.

À l’origine du projet : le besoin de défendre la place des femmes dans le milieu du théâtre.

« Il se trouve que ça fait 10 ans que je fais ce métier et 10 ans que je vois que c’est compliqué de travailler autant que les hommes. Alors probablement parce qu’il y a un peu plus de femmes sur le marché, donc un peu plus de concurrence, mais surtout parce qu’il y a beaucoup plus de rôles pour les hommes. Donc c’est beaucoup plus difficile pour les hommes de travailler. Ce sont souvent elles qui sont à l’initiative de projet et quand on est à l’initiative de projets, on fait beaucoup de travail bénévole. Donc, elles sont souvent aussi moins bien payées que les hommes. Et en plus, elles ont aussi souvent, quand elles ont des rôles, des choses pas très intéressantes, qui les ramènent souvent à des clichés. Toutes les pièces classiques, c’est assez dramatique. La femme, c’est soit la putain, soit la boniche. Et ce qui se monte le plus, c’est du classique. Et même si ça tend à évoluer, c’est encore trop anecdotique pour que ça ait profondément révolutionné le métier. Ça évolue pas mal dans le cinéma*. Il y a un vrai mouvement qui se crée avec de plus en plus de femmes qui réalisent des films, qui laissent plus de place à des rôles féminins pour s’épanouir. Dans le théâtre, c’est encore très arriéré. » Marianne Rimbaud

Et Marianne Rimbaud de compléter avec la problématique de ces femmes qui, lorsqu’elles ont leur premier enfant, perdent leur statut d’intermittentes pour parfois ne jamais le récupérer. Face à tous ces constats, la comédienne a donc décidé d’entrer en résistance. Et ça passe par « Martine en patriarcat », spectacle, basé sur la célèbre collection de livres pour enfants, et l’idée de déconstruire les schémas imposés aux petites filles. Le constat que cette notion de patriarcat est finalement peut-être toujours d’actualité.

« Parce que justement, on est l’héritage de tous ces codes, le fait que pendant des milliers d’années les femmes aient été invisibilisées, ça un impact, encore aujourd’hui. Et ce n’est pas parce que maintenant elles ont le droit de vote, maintenant elles peuvent avorter, maintenant elles ont le droit de s’exprimer, que ça n’a pas d’impact. Parce que si elles ont le droit de s’exprimer, mais ne sont pas prises au sérieux, si elles ont le droit de s’exprimer, mais ne peuvent dire que certaines choses, sinon on va les qualifier d’hystériques, ça reste une vaste fumisterie. Donc utiliser le mot « patriarcat », c’est dire, ça existe et il est peut-être temps de s’en rendre compte. »

C’est sur le chemin de cette prise de conscience que l’on va donc suivre les nouvelles aventures de Martine, désormais sexagénaire. Une pièce qui s’adresse à tous, dès 12 ans, hommes compris et souhaités même. Première représentation ce soir à Nontron. Ensuite rendez-vous mercredi 13 mars à 20h30 à l’auditorium de Bergerac. Spectacle proposé en partenariat avec Enjeu Femmes et le CIDFF. La participation est libre. (Mais souhaitée, car la compagnie ne bénéficie pour le moment d’aucun soutien financier. On peut en revanche donner un coup de pouce au collectif via la cagnotte en ligne.)

Et puis notez qu’après quelques dates grand public encore, Marianne Rimbaud souhaite faire entrer « Martine en patriarcat » dans les lycées du département, pour à nouveau susciter le débat, dans le cadre de la réflexion sur l’égalité femmes-hommes. L’appel aux proviseurs est lancé.

*Quid de la question des violences sexistes et sexuelles dans le milieu du théâtre ?