25 novembre 2021 – 1278 vues
Un Louvre-Prado-Bergerac dans les anciens entrepôts de la Seita, derrière la gare.. C’est le projet, peut-être pas si farfelu que ça, qu’un Bergeracois a imaginé il y a une petite dizaine d’années. Jean Bernardi, un ancien de la SNCF, passionné d’arts visuels et qui revendique une certaine expérience dans le monde du tourisme. Et depuis des années donc, l’homme monte un dossier, multiplie les courriers jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Car si Lens, ville de 30.000 habitants, dans le Pas de Calais, a pu avoir son Louvre avec ses quelques 500.000 visiteurs par an, pourquoi pas Bergerac ? Une manière incontournable pour Jean Bernardi de sortir les œuvres des sous-sols mais surtout de redonner à la ville sa splendeur des années passées.
« Ce n’est pas un projet d’art pour faire de l’art, c’est un projet de développement économique parce que, une fois de plus, ce sont des centaines d’emplois qui ont été créés à Lens et Bergerac a besoin d’emplois et il faut rajeunir la ville également. Donc mon idée à moi c’est : on fait venir le Louvre, comme l’Espagne n’est pas loin avec tout son potentiel touristique, on demande au Prado de venir également et on en profite, puisqu’il y a de la place, pour faire de la promotion de toute l’Aquitaine. » Jean Bernardi
Et hier, comme une avancée symbolique de son projet, Jean Bernardi a réussi à faire venir à Bergerac des élèves en master de l’école de Condé de Bordeaux, une école de référence en design, arts graphiques, photographie et métiers d’art. Objectif donc pour eux : travailler sur le projet hypothétique d’un musée.
« Là c’est plutôt un prétexte de travail. L’idée c’est que les étudiants puissent avoir un bâtiment réel sur lequel se baser. Là ils viennent faire un relevé aujourd’hui parce qu’on a pas eu accès à des plans existants et ils vont pouvoir définir à partir de là des concepts, en vue de définir une nouvelle utilité à ce complexe de bâtiments. » Emilie Marty, leur responsable pédagogique.
Pour autant, en aucun cas le produit des élèves ne pourra être utilisé en l’état, même s’il pourra donner de nouvelles idées à Jean Bernardi. Le Bergeracois qui compte bien voir son projet aboutir d’ici à une dizaine d’années.
Mais rien ne pourra se faire sans l’impulsion de la mairie. Et c’est là tout le problème puisque la municipalité bergeracoise a déjà annoncé son ambition de faire de ces locaux de 18.000m², toujours occupés par La Périgourdine, son futur pôle de formation. La ville qui se doit porter acquéreur, dans les semaines qui viennent, des bâtiments actuellement détenus par l’agglo. Et puis une étude sur la réhabilitation du quartier de la gare est en cours. On devrait en connaître les conclusions d’ici la fin de l’année. D’ici là, la mairie, poliment, ne ferme pas totalement la porte à cette idée d’un espace culturel, mais le voit plutôt intégré, pourquoi pas, à son pôle de formation.
« Aujourd’hui il est encore un peu tôt pour parler de l’avenir du site, néanmoins on peut imaginer qu’effectivement ce site soit aussi consacré aux études supérieures, à la formation professionnelle, à la culture générale, à la culture scientifique et aussi à l’entreprise et au développement économique. » Eric Prola, l’élu en charge du projet de revitalisation du quartier.
Pas de quoi satisfaire pleinement Jean Bernardi qui estime qu’il ne faut pas multiplier les petites structures dans ce grand bâtiment au risque de ne plus pouvoir les faire déménager. Et d’ajouter que visiblement le campus connecté mis en place cette année, n’attire pas les foules contrairement aux touristes que pourrait faire venir un tel musée. Et de conclure : “Si le Louvre-Prado-Bergerac ne se fait pas dans ces anciens locaux de la Seita, alors il ne se fera pas”. Jean Bernardi qui devrait rencontrer le sous-préfet, à ce sujet, la semaine prochaine.