A Bergerac, les oubliés du Ségur ne décolèrent pas



08 décembre 2021 – 1576 vues

La mobilisation à nouveau, hier, des oubliés du Ségur. Les personnels du social et du médico-social qui se sont retrouvés un peu partout en France et donc en Dordogne aussi.

Hier matin à Périgueux, ce sont une quarantaine de personnes qui se sont rassemblées sous les grilles de la Préfecture à l’appel de la CFDT quand ils étaient un peu moins de 200 à braver la pluie, sur fond de drapeaux de la CGT, devant le palais de justice de Bergerac, hier après-midi.

A Bergerac où l’on a pu rencontrer des personnels des Papillons Blancs, de la fondation John Bost, du CEID, de l’UDAF, de la SAFED ou encore de la maison d’enfant Saint-Joseph. Des éducateurs, des aides médico-psychologiques, des juristes, des aides soignants, bref tous ceux, du public comme du privé, qui estiment avoir été oubliés du Ségur de la santé. Avec tous un même discours sur le manque criant de moyens qui leurs sont alloués, leurs difficultés grandissantes pour proposer une prise en charge de qualité et dans ce contexte la perte du sens de leurs métiers. 

« Aujourd’hui ce dont on se rend compte, c’est une déstructuration totale de l’accompagnement des personnes en situation de fragilité dans le sens où les salaires ne sont plus du tout attractifs et on en arrive à ne plus trouver de personne pour subvenir à nos besoins de remplacements. Et donc, là on est bien loin de l’accompagnement de qualité qu’on doit donner à toutes ces personnes. » Christel, elle est salariée aux Papillons Blancs.

Et de marteler que la santé ne doit pas être une question d’argent. Même si c’est tout de même la question financière qui est au centre des revendications. Les manifestants qui demandaient hier une augmentation de 300 euros incluant la revalorisation salariale de 183 euros pour tous les professionnels du social et medico-social. Marion, qui assure des missions de protection de l’enfance, est venue de Périgueux. Cela fait des années, dit-elle, que les salaires ne sont pas revalorisés. Une situation qui ne peut plus durer selon elle.

« On est sous-payé. On n’a pas fait partie du Ségur de la santé qui a revalorisé certains salaires. Donc il y a des vrais écarts de salaires. On n’arrive pas à recruter et du coup on est surchargé de travail :des mesures qui ne sont pas exercées tout de suite, devoir travailler beaucoup plus et on est moins dans les familles. On essaye de faire nos missions jusqu’au bout mais il y a un risque et c’est les enfants qui en pâtissent. » Marion de l’AEMO de Périgueux.

Même discours pour Karim, éducateur spécialisé à Lalinde, qui voit ses collègues raccrocher tour à tour.

« C’est notre quotidien de voir un turn-over qui est permanent, des gens qui vont, qui viennent, parce qu’ils sont dégoûtés des conditions de travail. Et donc il y en a beaucoup des collègues qui partent, quelques fois qui ne savent même pas quoi faire derrière mais préfèrent arrêter parce que les conditions ne sont plus tenables. Et c’est au détriment des familles et des enfants que l’on suit. La crise sanitaire ça a été un catalyseur, mais c’est quelque chose qui est présent depuis des années. » Karim, éducateur spécialisé à Lalinde

Alors Karim compte bien continuer à manifester, pacifiquement, le temps qu’il faudra, pour enfin être entendu par le gouvernement, enfin reconnu au même titre que les personnels rattachés à la santé. Mais les annonces faites jusque là ne sont pas pour rassurer ces professionnels. 

« On nous avait dit on vous revalorisera dans un 2e temps mais là où ça coince, c’est qu’on nous dit on vous revalorisera si vos conventions collectives sont cassées et on craint d’avoir une convention collective de bas niveau avec par exemple la mise en place de la prime au mérite. » Christelle Simard, secrétaire du syndicat action sociale CGT en Dordogne

Et la peur derrière ça d’une logique de rentabilité qui finirait de prendre le dessus sur l’humain.

« Alors c’est maintenant qu’il faut agir », conclut la militante.

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