20 avril 2021 – 852 vues
Contre l’avis du gouvernement, l’Assemblée nationale a adopté le 8 avril dernier, la loi Molac, du nom du député breton Paul Molac qui a porté la proposition, et qui vise à protéger et promouvoir les langues régionales.
Pour les partisans de l’Occitan en Dordogne et dans la région, c’est une vraie surprise.
Jamais aucune des multiples propositions de loi sur les langues et cultures régionales n’avait réussi à passer au Parlement depuis 1951 ! Aussi personne n’y croyait vraiment, à l’image de Charline Claveau, présidente de l’Office public de la langue occitane. « Personnellement, je doutais que la loi puisse passer en l’état, c’est-à-dire très proche de sa version initiale. »
Outre sa valeur symbolique, le texte élève les langues régionales au titre de patrimoine linguistique de la France. Il prévoit également la reconnaissance officielle de la signalétique bilingue, des panneaux d’entrées de ville à l’utilisation de prénoms locaux et de leur orthographe très spécifique.
Enseignement immersif public
Mais le point le plus important de la loi est sans doute la possibilité pour les écoles publiques d’enseigner l’Occitan en immersion, c’est-à-dire de faire les matières scolaires telles que les maths, l’histoire géo, etc., dans sa langue régionale.
« C’est aujourd’hui un enseignement qui est dispensé dans le réseau Calandreta des écoles associatives. Et jusqu’à présent, cet enseignement-là n’était possible dans les établissements publics qu’au titre de l’expérimentation. » Charline Claveau.
En Dordogne, aucun établissement n’expérimente cet enseignement immersif qui revient, de fait, toujours aux deux seules écoles Calandretas de Bergerac et de Périgueux.
Heureusement pour les partisans de la langue occitane, le nouveau forfait scolaire de la loi Molac entre en jeu : avant, seules Bergerac et Périgueux payaient un forfait aux écoles privées pour les élèves résidant à Bergerac ou à Périgueux. Soit la moitié des effectifs environ. Or, désormais, ce sont toutes les communes de tous les élèves qui devront payer ce forfait, à partir du moment où aucune alternative d’enseignement public n’est offerte sur leur commune.
Pour le président de de la Maison Occitane du Périgord, Xavier Jullien, cette nouvelle contrainte financière est un véritable atout. « Ce qu’on espère, c’est que dans ces conditions, les communes seront fortement encouragées à faire pression sur l’Education Nationale pour que se développe sur leur territoire communal, dans les écoles publiques de leurs communes, des propositions pédagogiques en Occitan. Auquel cas, ils n’auront plus à verser ces forfaits scolaires. »
Votes mitigés en Dordogne
Mais le point a fait débat auprès des députés de Dordogne. Sur les 4 représentants Périgourdins à l’Assemblée nationale, un seul, Philippe Chassaing, a voté pour. Jean-Pierre Cubertafon n’a pas participé au vote. Jacqueline Dubois et Michel Delpon ont, quant à eux, voté contre.
Crédit photo : DR / Texte : Nelly Albérola