13 janvier 2022 – 625 vues
Vous le savez peut-être, en ce début d’année, le musée du Tabac de Bergerac est fermé au public. Ce n’est pas pour autant que rien ne s’y passe, bien au contraire, puisque cette fermeture annuelle, mise en place depuis 2018, permet aux équipes de poursuivre le chantier des collections.
Il s’agit en fait de procéder au récolement. Le récolement, c’est faire l’inventaire de l’inventaire en somme. Établir en fait une fiche d’identité de chaque objet ou œuvre d’un point de vue technique, mais aussi historique.
Une opération chronophage, mais indispensable. C’est une obligation, depuis 2004, pour tous les lieux qui bénéficient de l’appellation Musées de France. Ils doivent remettre l’état de leur collection au Ministère de la Culture, tous les 10 ans. À Bergerac, cela ne concerne donc que le musée du tabac.
On voit comment ça se passe avec Mélissa Nauleau la responsable adjointe du service patrimoine et musée de la ville, responsable scientifique sur la gestion des collections :
« Là on est dans la vitrine N°4 au premier étage du musée donc dans la salle qu’on appelait des Amériques. On a des pots à tabac, un calumet, des fourneaux de pipes. Donc on prend l’objet, on vérifie. Donc là par exemple, on a une étiquette avec une encre manuscrite, n°645. Au vu de ce numéro, on sait que c’est un ancien numéro d’inventaire. C’est-à-dire qu’il n’a pas adopté la codification qui a été conseillée en 2004. Mais c’est déjà une information qui est intéressante. Et puis on voit une autre étiquette sous le pot où il y a marqué musée de Bergerac. Donc déjà on sait qu’il appartient aux collections des musées de Bergerac. » Mélissa Nauleau, responsable adjointe du service patrimoine et musée de la ville.
Et qu’il ne s’agit donc pas d’un prêt. Il faut ensuite vérifier que l’objet a été bien identifié, que le cartel raconte la bonne histoire. Mais parfois l’objet n’est pas inscrit à l’inventaire et aucune information n’est disponible. Il faudra alors passer à l’étape post-récolement et faire des recherches pour raviver l’histoire de l’objet ou de l’œuvre. Un travail de longue haleine à Bergerac où il n’y avait pas réellement de démarche scientifique autrefois.
« C’était compliqué parce que ce sont des collections qui ont été accumulées depuis les années 50, donc il y a beaucoup de dons qui ont été faits de manière pas forcément réglementaire à l’époque, qui n’ont pas ensuite été régularisés et donc, nous, c’est vrai qu’on a des registres d’inventaires qui ont été tenus très longtemps sur papier. Ce n’est pas très clair donc je vais avoir un post-récolement qui va être assez colossal pour retraiter l’information, identifier, etc. » Mélissa Nauleau
Et puis au musée du tabac, il s’agira ensuite de numériser tout l’inventaire, soit quelques 6.000 objets. Un travail colossal pour les mois et années qui viennent.
Et puis en parallèle de tout ça, ouvrir les vitrines permet aussi de faire ce qu’on appelle un constat d’état. Et c’est là qu’interviennent les restaurateurs.
Au musée du tabac, on aime particulièrement travailler, pour les peintures, avec les restaurateurs Bergeracois Christian et Françoise Morin.
« Sur la demande de la conservation du musée évidemment, on fait un petit chantier qui consiste à regarder les tableaux les uns après les autres pour voir dans quel état ils sont, faire un descriptif complet de l’état matériel de l’œuvre et un diagnostic qui dit celui-là il est en bon état, celui-là ça ne va pas du tout, il y a une intervention à prévoir de manière urgente. C’est une aide pour la gestion des collections évidemment. » Françoise Morin, restauratrice d’art
Un plan pluriannuel de restauration est ensuite établi. Un budget de quelques milliers d’euros chaque année pour le musée du tabac même s’il est vrai que les collections n’ont pas trop souffert du temps. « Il faudra tout de même envisager de rentrer un peu plus dans les normes de conservation préventives », concède Mélissa Nauleau, abordant les questions de gestion de température et d’humidité. Et on pourrait ajouter peut-être apporter un vent de fraîcheur à ce musée qui risque de prendre un sacré coup de vieux quand le CIAP aura ouvert ses portes, mais ça, c’est une autre histoire.
Sachez en tout cas que le musée du tabac sera de nouveau accessible au public à partir du 19 janvier avec dès le 22 un atelier de gravure avec Rosario Marrero-Naissant, dans le cadre de son expo temporaire « A la mémoire de nos ancêtres » et puis le 22 janvier toujours, ce seront les nuits de la lecture pour petits et grands. Infos et programme sur le site internet de la ville de Bergerac.