Au moins 12.000 personnes mobilisées, hier, en Dordogne contre le projet de réforme des retraites. Trois rassemblements avaient lieu à Périgueux, Sarlat et Bergerac.
Environ 8.500 personnes ont manifesté à Périgueux, 1.000 à 1.500 à Sarlat.
À Bergerac, on a compté 2.500 manifestants. 2.000 selon la police, 3.500 selon les syndicats.
Photo DR Julie Gauthier
Parmi toutes ces personnes, des centaines réunies sous les bannières des syndicats mais aussi certains qui protestaient pour la toute première fois. C’est le cas de Mohamed, 46 ans, chaudronnier qui ne se voit pas continuer encore 18 ans
“Qui peut travailler à cet âge-là dans des métiers pénibles ? Je serai encore avocat ou notaire, mais là dans mon domaine, ce n’est pas possible. On a des charges lourdes, le bruit constamment, parce qu’il y a des coups de marteau à tout va. Pour moi en tout cas, tenir jusqu’à 64 ans, je crois que ça ne va pas être possible.”
Le constat est le même pour Stéphanie, 50 ans, sage-femme :
“Là, il y en a ras le bol. Ça va trop loin. Quand on voit l’état des collègues quand elles partent, on se dit que non, la santé, elle n’est pas là, donc avoir donné autant de temps pour finir en vrac, c’est plus de la retraite. Ils ont choisi de nous mettre en colère, on est bien en colère, il va falloir qu’ils fassent avec nous”,
Magdalena, elle, est encore lycéenne, mais elle tenait à être présente pour ses proches et aussi pour son avenir.
“C’est vrai que ça parait très loin vu qu’on ne travaille même pas encore mais d’un côté, quand on aura terminé nos études, c’est nous qui allons payer, cotiser pour cette réforme s’il n’y en a pas d’autres d’ici là donc c’est aussi un sujet qui nous concerne dans tous les cas.”
La réforme des retraites, Valérie, ça ne la concerne plus. La retraite, elle la savoure depuis un an et demi et pourtant elle a tenu à se rendre la manifestation à Bergerac.
“Je suis là pour soutenir ce dont j’ai bénéficié. Il faut faire d’autres réformes parce que ce n’est pas forcément la retraite qui est l’élément le plus important aujourd’hui. On voit ce qu’ont encaissé les riches en l’espace d’un mandat et demi d’Emmanuel Macron et je trouve ça totalement aberrant aujourd’hui sachant qu’on a aussi de plus en plus de gens dans la précarité.”
Valérie, qui contribue à 4 associations et qui s’inquiète également de l’impact de la réforme sur la vie de ces associations dont le dynamisme repose souvent sur de jeunes retraités.
Et puis au milieu de tous ces manifestants, beaucoup d’enseignants hier partout en France. 42 % de grévistes dans l’académie selon le rectorat, 65 à 75 % selon les syndicats. Ils étaient nombreux également hier à Bergerac à l’instar d’Hervé, enseignant dans le premier degré qui était aussi là pour porter les revendications des profs sur les salaires, les conditions de travail et pour dénoncer le projet de carte scolaire.
“On a un discours “Tout pour l’école”, mais en fait si on regarde les actes, et bien c’est rien pour l’école. On avait la possibilité sur la carte scolaire d’améliorer le quotidien et des élèves et des enseignants et on n’en profite pas. C’est vrai qu’il y a une baisse des effectifs mais il y a tellement de remplaçants et d’enseignants que c’était peut-être l’opportunité pour au moins donner un signe. Même si on restait à 0, c’était un signe.”
Mais la Dordogne va perdre 10 postes d’enseignants à la rentrée.
Hervé, militant SNUIPP FSU qui se satisfait de la réussite de la mobilisation.
“On a des contacts avec les copains qui sont partout en France, c’est énorme partout, c’est super, c’est bien. Maintenant il va falloir construire dans la durée parce que bon, on sait qui on a en face quand même. Après le ressentiment des gens, je pense est fort et profond, maintenant il va falloir que nous syndicats on arrive à le faire s’exprimer.”
Et les syndicats ont d’ailleurs d’ores et déjà appelé à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle le 31 janvier.