Une partie des boulangers de Bergerac toujours inquiets face à l’augmentation des coûts de l’énergie, et ce, malgré les annonces du gouvernement, la semaine dernière. Des boulangers qui, pour certains, craignent de ne pas tenir jusqu’à l’été. Pourtant, rares sont ceux qui souhaitent témoigner à voix découverte. Les boulangers rencontrés qui avancent des factures d’énergie désormais supérieures au coût d’un loyer et l’obligation dès lors de faire des économies à tous les niveaux : moins de fournées, des vitrines débranchées et l’hypothèse de moins ouvrir la boutique. “La fameuse baguette classée à l’UNESCO, bientôt, il n’y aura plus personne pour la produire”, ironise une boulangère.
Pourtant, la situation ne semble pas dramatique pour tous. La plupart des boulangeries de Bergerac contactés disent ne pas éprouver plus de difficultés que d’ordinaire, celles-ci bénéficiant de contrats d’énergie à tarifs réglementés. Il y en a même qui, malgré le contexte, développent leur affaire. C’est le cas de Frédéric Collery. Il a ouvert la boulangerie Céleste, rue du docteur Roux, il y a 20 mois. Il emploie déjà 6 personnes et sur sa vitrine, on trouve une offre d’embauche pour un ouvrier boulanger. Il envisage même de reprendre un autre commerce. Alors bien entendu, lui aussi est affecté par l’augmentation du coût des matières premières et lui aussi a vu ses factures d’énergie doubler : +15.000 euros par an sur l’électricité pour alimenter les fours, les frigos, les pétrins, les vitrines. Cette somme, ce sera ça de moins sur les bénéfices. Déjà l’an dernier, ceux-ci avaient été amputés de 25 à 30.000 euros du fait de l’augmentation du coût des matières premières, mais Frédéric Collery, plutôt que de s’apitoyer, préfère aller de l’avant.
“Mon but dans la vie, c’est d’avancer, pas de reculer. Donc même s’il y a des contraintes, le but, c’est d’avancer. Quand on est patron, on est chef d’entreprise donc on doit savoir gérer une entreprise. Il faut savoir acheter au bon prix et vendre au bon prix. On ne peut pas donner la marchandise juste pour faire plaisir aux gens et par peur qu’ils aillent ailleurs. Après, il faut faire un peu de qualité. Si on fait de la qualité, les gens viennent pour la qualité et ils payent. Il faut être très bon boulanger, très bon pâtissier, très bon gestionnaire et très bon commercial.” Frédéric Collery, boulanger à Bergerac
Pas question donc pour Frédéric Collery de faire des “économies de bout de chandelle”, comme il dit. Alors bien entendu, il verra au fil des semaines comment la situation évolue. Et s’il y a un point sur lequel il s’accorde avec les boulangers en difficulté, c’est que les annonces gouvernementales de la semaine passée sont bien insuffisantes.
“Ce qui est bien, c’est de pouvoir changer de fournisseur d’énergie, sans avoir de pénalité. Ça, c’est ce qu’il aurait fallu faire depuis deux ou trois mois. Après, par rapport aux mesures de payer les charges plus tard, c’est une connerie puisque les charges, vous allez les retrouver dans 3 à 4 mois et c’est un cadeau empoisonné puisque votre trésorerie, vous n’en n’aurez pas plus, voire moins. C’est reculer pour mieux se faire asphyxier et puis mourir en fait.”
Et côté trésorerie, justement, la galette de janvier, devrait permettre de donner une petite bouffée d’air à certains.
Notez par ailleurs que face à l’augmentation des coûts de l’énergie, la chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle Aquitaine muscle son accompagnement et intensifie sa communication sur les aides de l’État. Elle a notamment mis en place, sur son site internet, une page dédiée aux boulangers. Ils peuvent y trouver les informations sur les aides ainsi que les contacts des cellules de crise.