12 août 2021 – 1007 vues
Malgré le retour du soleil, le moral des viticulteurs du Bergeracois est toujours en berne.
Les viticulteurs qui, à un mois du début des vendanges, estiment que l’année 2021 aura été la pire jamais vécue par le monde agricole.
En se promenant dans les vignes d’Eric Chadourne, Président de la Fédération des Vins de Bergerac et de l’interprofession, le constat est sans appel. Sur certains rangs, seuls quelques grappes de raisins subsistent, sur presque tous les nuisibles et champignons ont laissé des traces.
L’année avait pourtant bien commencé avec un vrai hiver, favorable à la vigne. Mais début avril, les gelées matinales ont grillé les bourgeons qui étaient déjà sortis. Jusqu’à 90 % de pertes sur certaines parcelles au château la Mouthe à Creysse comme sur l’ensemble du vignoble bergeracois. Et comme si cela ne suffisait pas, le mauvais temps s’est installé au printemps et en début d’été, apportant avec lui son lot de maladies parmi lesquelles l’incontrôlable mildiou qu’Eric Chadourne tente de contenir à l’aide de multiples traitements à base de sulfate de cuivre notamment, « des traitements bio », ajoute t-il, associés à un travail de titan.
« On a fait énormément de travail de passages. En même temps, comme il faisait humide, la vigne a énormément poussé, elle a continué à pousser et ça ce n’est pas normal. C’était une vraie forêt vierge. Et puis pour couronner le tout vous avez l’herbe aussi qui pousse dedans et donc ça a été un travail de Romain. Et l’herbe évidemment entretient l’humidité ce qui entretient encore plus les champignons, etc, etc. Habituellement les vignerons commencent à se reposer autour du 15 juillet. Là, on va arriver au 15 août et on ne s’est toujours pas reposé ». Eric Chadourne, viticulteur et Président de la FVB et de l’IVBD.
Les champignons se sont développés très rapiement, ces dernières semaines.
Malgré tout à l’arrivée, le déficit de production sera sans doute de 30 à 40 % sur l’ensemble du Bergeracois. Toutes les couleurs sont concernées. Les cépages précoces, type Merlot et Sémillon qui ont été gelés, le cabernet franc, etc.
Certains viticulteurs risquent ainsi de se retrouver en grande difficulté, estime Eric Chadourne, entre les conséquences de la météo, la crise sanitaire et le tassement des prix qui en a découlé sans compter que globalement les 5 dernières années n’ont déjà pas été des meilleures.
Reste que les professionnels pourront compter sur quelques aides financières, un peu sur les assurances, encore faut-il en avoir, et puis sur la possibilité, par dérogation préfectorale, d’acheter du raisin à ceux qui en ont histoire de vendre quand même du vin et de conserver les circuits commerciaux.
Reste tout de même à espérer que si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité, elle le sera. Là non plus, rien n’est gagné.
« On a déjà pris un coup sur la qualité. On sait que cela sera hétérogène. Donc ça ne sera pas forcément une très grande année. En plus la vigne a souffert. Donc quand on souffre on ne fait pas forcément des bonnes choses. Mais on peut sauver l’essentiel. En tout cas pour les blancs, les rosés, les liquoreux, s’il fait beau, on peut sauver l’essentiel. Sur les rouges il faut qu’il fasse beau et qu’on ait des nuits fraîches, ce qui arrive souvent après le 15 août. Mais surtout pas d’eau, ça suffit ! Année agricole complètement atypique donc on verra. »
On verra dit Eric Chadourne. Et puis on verra aussi l’année prochaine, une mauvaise année en amenant généralement une autre, la fleur de la vigne se faisant dans la fleur de l’année précédente. Reste donc à croiser les doigts et à soutenir ces viticulteurs en allant les voir pourquoi pas à l’occasion des soirées Wine Dating, la dernière c’est ce soir, des rencontres 1 jour, 1 vigneron. Tout ça à Quai Cyrano à Bergerac. Ou encore pour la Rosette Night, c’est dimanche. A Bergerac toujours.
On vous rappelle tout de même que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.